ESPACE PRESSE

Interview à écouter

Dimanche 23 février 2020

par Antoine Gerbelle

Domaine Laroque d’antan, le gros lot du Lot

6 minutes

Dans la petite commune de Laroque des Arcs en bords du Lot, à deux méandres de Cahors, le domaine est né sur un terroir oublié des hommes et de la vigne depuis 150 ans. Une terre vierge de pesticides, d’insecticides et de fongicides. Une terre blanche, caillouteuse, crayeuse, dite du Kimméridgien

(comme à Sancerre, comme à chablis).

Une terre isolée des habitations, sauvage, « hyper vivante, hyper mycorhizée, dans laquelle on ressent une énergie rare » s’enthousiasme Lydia Bourguignon. Oui, Lydia Bourguignon, la célèbre microbiologiste de sols, unie par les liens du mariage et désormais de la terre au non moins fameux microbiologiste Claude Bourguignon. Depuis trente ans, le couple médiatique révèle au monde agricole la faune cachée qui vit dans la terre, son utilité dans le processus de fertilisation des sols, sa destruction par l’agriculture conventionnelle chimique qui entraine petit à petit la stérilisation des terres. Comme leur patronyme le laisse entendre leurs attaches familiales sont davantage en Côte d’Or qu’au pays du Vin Noir. 

L’aventure a débutée en 2002 par la recherche d’un terrain, et poursuivie en 2008 par le début de plantation de six hectares de blanc et de rouge. « Nous passons notre temps à conseiller, nous sommes dans la théorie, il était temps de passer à la pratique. » « Une vitrine de notre travail » assume Lydia. « Faire du vin oui, mais avec l’envie de choisir un terrain vierge, pas cher, un message en forme d’espoir envers une jeune génération qui a le pouvoir de redonner vie à nos campagnes, à tous nos territoires désertés, oubliés. »

Leur choix, un coteau calcaire, d’exposition idéale, au drainage naturel font de ce lieux un merveilleux terroir à vigne. La cuvée Néphèle 2018 est le second blanc de la propriété dirigé par Emmanuel Bourguignon, leur fils. Un blanc jeune et déjà complexe, issu des cépages en sélection massale : sauvignon blanc et gris, Mauzac et le Verdanel. Ce dernier est un raisin oublié qui doit sa survie à la famille Plageoles à Gaillac. Cultivé bien entendu en agriculture biologique et en biodynamie (certification en 2020), le domaine utilise la force animale pour ses vignes afin de ne pas tasser les sols. Vinifié en fût, grâce aux levures présentes naturellement sur les raisins (levures indigènes), c’est un blanc ample, originale par la générosité de ses arômes mûrs et vivants, et l’expression saline, enveloppante, finement et doucement crayeuse en bouche. Inoubliable.

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